Une parole ! Elle nous habite. En effet,
elle est dite, puis elle effectue un parcours en nous et elle nous marque. Parce
qu’elle nous habite, il faut alors avouer qu’elle est différente d’un discours
sur quelque chose. Elle établit la relation entre celle ou celui qui la dit et
celle ou celui qui la reçoit. En ce sens, on peut dire qu’il y a « parole de
vie». Ce ne sont plus des mots qui sont
prononcés, mais une parole de relation et de vie. Ainsi quand il y a des
paroles de vie qui se disent, il y a des vraies répercutions dans nos chairs.
Ces paroles ouvrent des chemins insoupçonnés. Voilà, c’est depuis trois
semaines que ces paroles de la professeure Anne Fortin (Université Laval) sur
son expérience en Palestine raisonnent encore dans ma chair : Les femmes
en Palestine sont devenues ministres dans l’Église-souffrante en fondant un
Centre qui refait le tissus social grâce au projet d’artisanat.
Ce projet est un signe qui fait respirer
une Église qui parle et qui court le risque de s’étouffer par ses propres mots…
Des mots ! Il y en a encore… Et ils sont prononcés sur les femmes ou les hommes
en danger de mort… J’y reviens parce qu’il y a quelques jours on a assisté au
théâtre des mots sur les morts : « Burundi : faut-il une intervention
étrangère ? » Cette question est
soulevée pendant que des dizaines de cadavres gisent dans les rues de Bujumbura
(capitale du pays). La violence est montée à son plus haut degré. Face à cette
situation, l’intervention étrangère est-elle à envisager ? Voilà ! La question
est posée. Et il faut en débattre, en discuter, en parler même longuement et
faire un vote !
Évidemment, il s’agit du Burundi… Mais il
peut s’agir aussi du Congo, de la France, de la Syrie, du Québec ou même de nos
sociétés locales. La structure du théâtre demeure la même : faire un vote
pendant que l’autre souffre ! Faire un débat afin de savoir si la mort de l’autre
convient aux critères d’un génocide ou d’un simple crime contre humanité…
Vous pouvez me reprocher que depuis un
certain temps, j’ai commencé à écrire des articles culpabilisants. Devrais-je
me justifier ! Ou devrais-je me taire pendant que nos frères et sœurs sont
égorgés du jour au lendemain. Je suis donc convaincu qu’ensemble nous pouvons
dépasser ce stade qui fait des discours sur la souffrance des êtres humains,
nos semblables. Ces écrits essaient de solliciter cette vaine fragile de nos
racines humaines. L’urgence de soutenir l’humain dépasse, me semble-t-il, nos frontières
géographiques. Juste passer l’information, cela peut faire bouger les choses,
car ce qui se dessine présentement au Burundi ou au Congo risque de s’appeler
génocide dans les jours à venir… En fin
de compte, à qui profite le crime ?
Fr. Gaston Mumbere, a.a.
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