samedi 19 décembre 2015

Le passage en Palestine : des échos dans nos chairs


Une parole ! Elle nous habite. En effet, elle est dite, puis elle effectue un parcours en nous et elle nous marque. Parce qu’elle nous habite, il faut alors avouer qu’elle est différente d’un discours sur quelque chose. Elle établit la relation entre celle ou celui qui la dit et celle ou celui qui la reçoit. En ce sens, on peut dire qu’il y a « parole de vie».  Ce ne sont plus des mots qui sont prononcés, mais une parole de relation et de vie. Ainsi quand il y a des paroles de vie qui se disent, il y a des vraies répercutions dans nos chairs. Ces paroles ouvrent des chemins insoupçonnés. Voilà, c’est depuis trois semaines que ces paroles de la professeure Anne Fortin (Université Laval) sur son expérience en Palestine raisonnent encore dans ma chair : Les femmes en Palestine sont devenues ministres dans l’Église-souffrante en fondant un Centre qui refait le tissus social grâce au projet d’artisanat.
Ce projet est un signe qui fait respirer une Église qui parle et qui court le risque de s’étouffer par ses propres mots… Des mots ! Il y en a encore… Et ils sont prononcés sur les femmes ou les hommes en danger de mort… J’y reviens parce qu’il y a quelques jours on a assisté au théâtre des mots sur les morts : « Burundi : faut-il une intervention étrangère ? »  Cette question est soulevée pendant que des dizaines de cadavres gisent dans les rues de Bujumbura (capitale du pays). La violence est montée à son plus haut degré. Face à cette situation, l’intervention étrangère est-elle à envisager ? Voilà ! La question est posée. Et il faut en débattre, en discuter, en parler même longuement et faire un vote !
Évidemment, il s’agit du Burundi… Mais il peut s’agir aussi du Congo, de la France, de la Syrie, du Québec ou même de nos sociétés locales. La structure du théâtre demeure la même : faire un vote pendant que l’autre souffre ! Faire un débat afin de savoir si la mort de l’autre convient aux critères d’un génocide ou d’un simple crime contre humanité…
Vous pouvez me reprocher que depuis un certain temps, j’ai commencé à écrire des articles culpabilisants. Devrais-je me justifier ! Ou devrais-je me taire pendant que nos frères et sœurs sont égorgés du jour au lendemain. Je suis donc convaincu qu’ensemble nous pouvons dépasser ce stade qui fait des discours sur la souffrance des êtres humains, nos semblables. Ces écrits essaient de solliciter cette vaine fragile de nos racines humaines. L’urgence de soutenir l’humain dépasse, me semble-t-il, nos frontières géographiques. Juste passer l’information, cela peut faire bouger les choses, car ce qui se dessine présentement au Burundi ou au Congo risque de s’appeler génocide dans les jours à venir…  En fin de compte, à qui profite le crime ?
Fr. Gaston Mumbere, a.a.

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