La bataille se passe désormais sur les
corps des femmes, des enfants et hier sur les corps des malades qui ont été
égorgés sauvagement le dimanche 29 novembre 2015 à l’Est de la République du
Congo.
En fait, depuis 1994 lors du génocide de
800 mille rwandais, l’Est de la République Démocratique du Congo fut un lieu
d’accueil pour les réfugiés venant du Rwanda (1,5 million des réfugiés civils
et militaires traversent la frontière). C’est fut malheureusement aussi le
début du calvaire pour les populations du Kivu (à l’Est du Congo)
Je me souviens encore. J’avais 16 ans. Et
je vivais à Beni. Beni qui est maintenant une ville martyre qui voit couler
jour et nuit le sang de ses filles et fils. Oui, j’avais 16 ans et les
congolais qui sont dans la salle peuvent en témoigner : nous avons alors assisté
à l’invasion massive de nos territoires par les rwandais et les ougandais sous
prétexte de chasser les réfugiés hutus alors présents au Congo. Pourquoi venir
pourchasser ces réfugiés au-delà de leurs frontières ? Cette question demeure
depuis longtemps nébuleuse. Et ce sera à cette même occasion que ces
envahisseurs appuieront l’opposant – rebelle
congolais Laurent Désiré Kabila à 1997 à renverser le règne de 32 ans au
pouvoir du dictateur Mobutu Seseseko président du Zaïre. Avec Laurent Désiré Kabila, le Zaïre deviendra La
République Démocratique du Congo.
Et depuis ce temps, le but de la présence
rwandaise et ougandaise sur le sol congolais demeure flou. Au lieu de
pourchasser les réfugiés hutus rwandais, on assiste plutôt à des guerres
ethniques ou civiles, aux massacres, aux viols sexuels systématiques, aux
pillages de ressources minières dont le coltan matière indispensable pour les
téléphones et d’autres appareils intelligents, on assiste aux enlèvements
(juste pour l’année dernière on enregistre plus 800 personnes kidnappées, dont
ma grand-mère et trois prêtres assomptionnistes), on assiste aussi maintenant
aux égorgements à l’arme blanche. Plus de 600 personnes égorgées. À qui profite
ce crime ? À qui profite ce génocide ?
Toutes ces atrocités se passent sous
silence. Personne ne veut parler pour cette fille violée plus 7 fois. Ni les
médias, ni le gouvernement congolais, ni la communauté internationale, sauf
quelques voix qui se lèvent : dont le parlement de Québec qui a voté à
l’unanimité l’année dernière une motion qui condamne les massacres du Congo.
Bravo et félicitation !
Avant, j’étais gêné et timide de parler du
Congo. Cependant, lorsque j’essaie d’en parler aux québécois et québécoises, je
me sens soutenu et écouté. Il me semble alors qu’il est temps de briser le
silence, ensemble avec vous ! Il n’est jamais trop tard de parler pour cette
femme violée. Il n’est jamais trop tard de faire apprécier la vie à ces jeunes
nés dans la guerre… Il n’est jamais trop tard de poser un petit geste. Il n’est
jamais trop tard. Bon cinéma !
Fr. Gaston Mumbere,
Prêtre Assomptionniste Québec, le 9 décembre 2015
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