dimanche 18 septembre 2016

Un troisième mandat offert au président…sans élection !



Quelles conditions pour éviter le pire sous le ciel congolais ?

Pour se pérenniser au pouvoir tout en exploitant sérieusement le sous-sol, le pouvoir congolais vient d’esquiver la barrière de la Constitution qui l’empêchait à briguer un troisième mandat. En réalité, il s’agit d’un quatrième mandat d’exerce du pouvoir depuis 2001 s’il faut considérer les 5 premières années dites de transition. Mais là n’est pas notre préoccupation. L’inquiétude ! C’est la manipulation du peuple. Le peuple est devenu un outil manipulable qu’on peut mater, assujettir et même égorger pour des fins qui profitent à on ne sait qui, en tout cas aucunement au peuple congolais.

Ce qui vient de se passer à Kinshasa depuis la semaine dernière ne peut que pousser à l’indignation : L’accord a été trouvé issu du dialogue que plusieurs qualifient de non-inclusif. Selon les acteurs de ce monologue, l’accord consiste à réviser le fichier électoral. Ce travail devra prendre plusieurs mois (plus de 16 mois).  À dire vrai, cet accord garantit tout simplement le glissement consistant à permettre au président de la République dite démocratique du Congo à se maintenir au pouvoir au-delà du terme constitutionnel.

Quel théâtre ? Ces participants du « dialogue » avaient-ils pensé que le peuple est dupé jusqu’à ce point ? Le fichier électoral, à notre humble avis, ne constitue pas l’urgence des problèmes congolais. L’urgence est ailleurs et on n’aime pas le pointer du doigt : le dénie de la démocratie, la mauvaise gouvernance, le génocide à l’Est du pays, le pillage des ressources minières, l’infiltration de l’armée nationale, la violation des territoires congolais par les forces négatives et l’impunité qui entretient toutes ces misères. Lorsqu’on s’arrête à la révision du fichier électoral, n’est-ce pas là se moquer du sang de nos mères, nos pères, nos sœurs et frères égorgés à Beni !…

À cette allure, il est temps de prévenir le pire qui se profile à l’horizon. Ceux qui ont le pouvoir au niveau national et international pourraient-ils traiter le mal congolais au-delà de leurs intérêts individuels ? Il s’agit d’initier des enquêtes sérieuses qui aboutiraient à une justice, source de toute paix. L’impunité est un cancer qui caresse l’état anarchique dans cette région des Grands-lacs africains. Outre ces enquêtes internationales, il faudrait aller au bout de la chaîne de l’instabilité surtout à l’Est du pays : Qui finance les rebellions, qui soutient la dictature, qui saccage les territoires en pillant les ressources et en tuant les autochtones,  pour quelles raisons ? Enfin, pour éviter le pire, le chef de l’État devrait favoriser l’intérêt supérieur de toute la nation en respectant la Constitution qui lui demande de passer le flambeau. C’est le moindre et l’urgence qu’il puisse faire afin d’éviter un bain de sang sur ce sol de Lumumba.

Heureux les artisans de la paix… Il y a ici un appel l’action. Il ne s’agit pas d’une simple idée. C’est l’artisan qui est heureux. L’artisan pose l’action… L’action de paix. Cet artisan c’est toi et moi.

Père Gaston Mumbere, a.a.

mercredi 14 septembre 2016

Kivu, le territoire qui n’a connu que des armes : Les rebelles sud-soudanais au Congo




Les sentiments de peur, mieux d’inquiétude habitent désormais les esprits des survivants de massacres aux allures génocidaires à l’Est de la R. D. Congo. Le Kivu connaît les affres des uniformes, des bottes et des armes depuis plus de Vingt ans. Ce territoire est devenu propice à l’émergence des plusieurs milices (plus de 70 groupes rebelles). Parmi elles, on compte rapidement les FDLR, ADF-Nalu, M23, ect. Ces groupes armés sont visiblement soutenus par le Rwanda et l’Ouganda.

Alors que les plaies ouvertes par les hommes en uniforme sont encore béantes, on voit s’établir (se cantonner) officiellement un groupe de rebelles du Sud-Soudan aux côtés de ces humains aux plaies-béantes. Le plus étonnant, c’est la MONUSCO qui facilite ces opérations.   

Pour Charles Antoine Bambara, chef de la division de l’information publique de la Monusco, l’arrivée à Goma (capitale du Nord-Kivu) des combattants sud-soudanais est « la poursuite de l’évacuation humanitaire » menée par la mission Onusienne en RDC au profit de ces sud-soudanais dont la plupart avaient été blessés lors des combats de juillet dernier à Juba, capitale du Soudan du Sud, où ils combattaient contre les forces loyales du président Salva Kir. Il ajoute que ces combattants ont préalablement été désarmés avant leur entrée en RDC.

En fait, ces militaires, étaient extraits la semaine dernière du parc national de Garamba (au nord du pays) et viennent à Goma pour le cantonnement [http://www.politico.cd/actualite/la-une/2016/09/13/inquietudes-a-goma-apres-larrivee-combattants-sud-soudanais.html]. Ce cantonnement des rebelles sud-soudanais sur le sol congolais n’est pas un fait du hasard. Il se passe pendant que les caméras du monde se tournent prioritairement sur le dialogue-monologue de Kinshasa. Autrement dit, Kinshasa distrait l’opinion publique pendant que les cartes sérieuses se jouent au Kivu. Entre nous, comment est-il possible de demander de l’hospitalité à un peuple qui pleure encore ses morts ? Le Congo est-il devenu une terre d’accueil ou une base-arrière de groupes-rebelles qui déstabilisent le Sud-Soudan, le Rwanda (FDLR) ou l’Ouganda (ADF-Nalu) ?

Je crois que le peuple a le droit de demander à son gouvernement de justifier la présence de ces éléments sud-soudanais sur son sol. Le Congo n’est pas une jungle. Si le gouvernement ne le fait pas, alors il faudrait conclure, encore une fois, à l’incompétence du pouvoir ou à sa complicité avec les égorgeurs du peuple.

Heureusement ce peuple se réveille. Son œil ne se ferme plus. Il aspire des toutes ses forces à une justice qui bâtit la paix…

Père Gaston Mumbere, a.a.

jeudi 8 septembre 2016

Un chef coutumier tué à Beni. Ce n’est pas un fait du hasard !



D’après la Radio Okapi, «le chef traditionnel regagnait son domicile quand il a été abattu de plusieurs balles par des assaillants non encore identifiés. » [http://www.radiookapi.net/2016/09/07/actualite/societe/un-chef-coutumier-abattu-beni] Au premier regard, cet incident peut nous paraître comme un fait du hasard. Le chef retournait chez lui dans la soirée et par hasard il a été victime d’un couvre-feu imposé par le gouvernement en place… Ainsi on se satisfait des informations complaisantes qui empêchent le peuple de voir la face cachée de la guerre à l’Est du Congo. Rappelons que l’assassinat de ce chef n’est pas le premier qu’on enregistre dans ces régions. D’autres chefs l’ont précédé sur ce même chemin du calvaire : le chef de l’ANR-Isalé, le chef de Bwibwe, le chef de Kanyihunga, le chef de Vulambo. Et à cette liste, j’ajoute mon confrère, le père Vincent Machozi.

Lorsqu’on prend une distance, l’on réalise qu’il n’est pas normal que plusieurs chefs coutumiers soient assassinés un à un en douceur. Ce n’est pas un fait du hasard. Il y a plutôt quelque chose qui se mijote et qui bientôt risque de faire sauter le couvercle de la marmite. Tous les signaux sont donnés : pendant que Kinshasa tergiverse et distrait le peuple par un dialogue curieux, d’autres cartes se jouent dans l’Est du Congo. Les villes de Butembo, Beni, Oïcha, et la cité d’Eringeti se réveillent avec  des nouvelles unités de la police. [http://www.radiookapi.net/2016/09/07/actualite/securite/la-police-renforce-sa-presence-beni-et-butembo] On les voit seulement le matin. Autrement dit, ils arrivent la nuit. Ils sont déployés dans ces villes sous prétexte qu’ils arrivent protéger les populations contre les ADF-Nalu qu’on localise souvent dans les forêts du Graben et dans massifs du Mont Rwenzori. Quelle mascarade ! Une mascarade que Benilubero online a qualifié non sans raison d’une des dernières cartes que Joseph  sort pour réaliser son projet [http://benilubero.com/genocide-de-beni-joseph-kabila-ordonne-a-bisengimana-dinfiltrer-les-egorgeurs-dans-la-police-nationale-au-grand-nord/] Comment est-il logique de déployer de la police en ville pour combattre les ADF qui vivent dans les forêts ?

Et pendant ce temps, Kinshasa éternise la discussion du dialogue sur la tenue des élections qui visiblement n’auront plus lieu selon le délai constitutionnel. Pour la Commission électorale, il faut compter 16 mois et un jour à partir de février 2016 pour achever la période d’enrôlement alors que l’ONU estime que ce travail devrait se faire pendant 10 mois [http://www.radiookapi.net/2016/09/07/actualite/politique/dialogue-divergence-entre-la-ceni-et-lonu-sur-la-duree-denrolement] De toute façon, qu’il s’agisse de 16 ou 10 mois, on comprend que le but est de s’éterniser au pouvoir tout en accélérant le plan de balkanisation du pays. Entre temps, ce sont les chefs coutumiers et les populations de Beni-Lubero (plus 1500 personnes égorgées à Beni depuis seulement 2015) qui paient le prix.

On se croirait en train d’assister à un film d’action de genre fiction. Et pourtant c’est vrai. Le chef  Azize Kahindo Balikwisha du groupement Isale-Bulombo à Beni (Nord-Kivu), a été sauvagement assassiné. Sa mort semble un non-événement… En fin, j’aime toujours dire que le peuple n’est pas dupe. Il se réveille désormais. Même s’il reste un seul fils digne ou une seule fille digne du Congo, il n’acceptera pas que la terre de ses aïeux soit cédée aux mains des égorgeurs… Il se battra et la justice sera rendue.
Père Gaston Mumbere, Assomptionniste et membre du MPAC