D’après la Radio Okapi, «le chef
traditionnel regagnait son domicile quand il a été abattu de plusieurs balles
par des assaillants non encore identifiés. » [http://www.radiookapi.net/2016/09/07/actualite/societe/un-chef-coutumier-abattu-beni]
Au premier regard, cet incident peut nous paraître comme un fait du hasard. Le
chef retournait chez lui dans la soirée et par hasard il a été victime d’un
couvre-feu imposé par le gouvernement en place… Ainsi on se satisfait des
informations complaisantes qui empêchent le peuple de voir la face cachée de la
guerre à l’Est du Congo. Rappelons que l’assassinat de ce chef n’est pas le
premier qu’on enregistre dans ces régions. D’autres chefs l’ont précédé sur ce
même chemin du calvaire : le chef de l’ANR-Isalé, le chef de Bwibwe, le
chef de Kanyihunga, le chef de Vulambo. Et à cette liste, j’ajoute mon
confrère, le père Vincent Machozi.
Lorsqu’on prend une distance,
l’on réalise qu’il n’est pas normal que plusieurs chefs coutumiers soient
assassinés un à un en douceur. Ce n’est pas un fait du hasard. Il y a plutôt
quelque chose qui se mijote et qui bientôt risque de faire sauter le couvercle
de la marmite. Tous les signaux sont donnés : pendant que Kinshasa
tergiverse et distrait le peuple par un dialogue curieux, d’autres cartes se
jouent dans l’Est du Congo. Les villes de Butembo, Beni, Oïcha, et la cité
d’Eringeti se réveillent avec des
nouvelles unités de la police. [http://www.radiookapi.net/2016/09/07/actualite/securite/la-police-renforce-sa-presence-beni-et-butembo]
On les voit seulement le matin. Autrement dit, ils arrivent la nuit. Ils sont
déployés dans ces villes sous prétexte qu’ils arrivent protéger les populations
contre les ADF-Nalu qu’on localise souvent dans les forêts du Graben et dans
massifs du Mont Rwenzori. Quelle mascarade ! Une mascarade que Benilubero online a qualifié non sans
raison d’une des dernières cartes que Joseph sort pour réaliser son
projet [http://benilubero.com/genocide-de-beni-joseph-kabila-ordonne-a-bisengimana-dinfiltrer-les-egorgeurs-dans-la-police-nationale-au-grand-nord/]
Comment est-il logique de déployer
de la police en ville pour combattre les ADF qui vivent dans les forêts ?
Et pendant ce temps, Kinshasa
éternise la discussion du dialogue sur la tenue des élections qui visiblement
n’auront plus lieu selon le délai constitutionnel. Pour la Commission
électorale, il faut compter 16 mois et un jour à partir de février 2016 pour
achever la période d’enrôlement alors que l’ONU estime que ce travail devrait
se faire pendant 10 mois [http://www.radiookapi.net/2016/09/07/actualite/politique/dialogue-divergence-entre-la-ceni-et-lonu-sur-la-duree-denrolement]
De toute façon, qu’il s’agisse de 16 ou 10 mois, on comprend que le but est de
s’éterniser au pouvoir tout en accélérant le plan de balkanisation du pays.
Entre temps, ce sont les chefs coutumiers et les populations de Beni-Lubero
(plus 1500 personnes égorgées à Beni depuis seulement 2015) qui paient le prix.
On se croirait en train
d’assister à un film d’action de genre fiction. Et pourtant c’est vrai. Le
chef Azize Kahindo Balikwisha du
groupement Isale-Bulombo à Beni (Nord-Kivu), a été sauvagement assassiné. Sa
mort semble un non-événement… En fin, j’aime toujours dire que le peuple n’est
pas dupe. Il se réveille désormais. Même s’il reste un seul fils digne ou une seule fille digne du
Congo, il n’acceptera pas que la terre de ses aïeux soit cédée aux mains des
égorgeurs… Il se battra et la justice sera rendue.
Père Gaston Mumbere,
Assomptionniste et membre du MPAC
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