jeudi 8 septembre 2016

Un chef coutumier tué à Beni. Ce n’est pas un fait du hasard !



D’après la Radio Okapi, «le chef traditionnel regagnait son domicile quand il a été abattu de plusieurs balles par des assaillants non encore identifiés. » [http://www.radiookapi.net/2016/09/07/actualite/societe/un-chef-coutumier-abattu-beni] Au premier regard, cet incident peut nous paraître comme un fait du hasard. Le chef retournait chez lui dans la soirée et par hasard il a été victime d’un couvre-feu imposé par le gouvernement en place… Ainsi on se satisfait des informations complaisantes qui empêchent le peuple de voir la face cachée de la guerre à l’Est du Congo. Rappelons que l’assassinat de ce chef n’est pas le premier qu’on enregistre dans ces régions. D’autres chefs l’ont précédé sur ce même chemin du calvaire : le chef de l’ANR-Isalé, le chef de Bwibwe, le chef de Kanyihunga, le chef de Vulambo. Et à cette liste, j’ajoute mon confrère, le père Vincent Machozi.

Lorsqu’on prend une distance, l’on réalise qu’il n’est pas normal que plusieurs chefs coutumiers soient assassinés un à un en douceur. Ce n’est pas un fait du hasard. Il y a plutôt quelque chose qui se mijote et qui bientôt risque de faire sauter le couvercle de la marmite. Tous les signaux sont donnés : pendant que Kinshasa tergiverse et distrait le peuple par un dialogue curieux, d’autres cartes se jouent dans l’Est du Congo. Les villes de Butembo, Beni, Oïcha, et la cité d’Eringeti se réveillent avec  des nouvelles unités de la police. [http://www.radiookapi.net/2016/09/07/actualite/securite/la-police-renforce-sa-presence-beni-et-butembo] On les voit seulement le matin. Autrement dit, ils arrivent la nuit. Ils sont déployés dans ces villes sous prétexte qu’ils arrivent protéger les populations contre les ADF-Nalu qu’on localise souvent dans les forêts du Graben et dans massifs du Mont Rwenzori. Quelle mascarade ! Une mascarade que Benilubero online a qualifié non sans raison d’une des dernières cartes que Joseph  sort pour réaliser son projet [http://benilubero.com/genocide-de-beni-joseph-kabila-ordonne-a-bisengimana-dinfiltrer-les-egorgeurs-dans-la-police-nationale-au-grand-nord/] Comment est-il logique de déployer de la police en ville pour combattre les ADF qui vivent dans les forêts ?

Et pendant ce temps, Kinshasa éternise la discussion du dialogue sur la tenue des élections qui visiblement n’auront plus lieu selon le délai constitutionnel. Pour la Commission électorale, il faut compter 16 mois et un jour à partir de février 2016 pour achever la période d’enrôlement alors que l’ONU estime que ce travail devrait se faire pendant 10 mois [http://www.radiookapi.net/2016/09/07/actualite/politique/dialogue-divergence-entre-la-ceni-et-lonu-sur-la-duree-denrolement] De toute façon, qu’il s’agisse de 16 ou 10 mois, on comprend que le but est de s’éterniser au pouvoir tout en accélérant le plan de balkanisation du pays. Entre temps, ce sont les chefs coutumiers et les populations de Beni-Lubero (plus 1500 personnes égorgées à Beni depuis seulement 2015) qui paient le prix.

On se croirait en train d’assister à un film d’action de genre fiction. Et pourtant c’est vrai. Le chef  Azize Kahindo Balikwisha du groupement Isale-Bulombo à Beni (Nord-Kivu), a été sauvagement assassiné. Sa mort semble un non-événement… En fin, j’aime toujours dire que le peuple n’est pas dupe. Il se réveille désormais. Même s’il reste un seul fils digne ou une seule fille digne du Congo, il n’acceptera pas que la terre de ses aïeux soit cédée aux mains des égorgeurs… Il se battra et la justice sera rendue.
Père Gaston Mumbere, Assomptionniste et membre du MPAC

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