Si les machettes qui égorgent les populations à l’Est du
Congo étaient intelligentes, elles se seraient déjà révoltées contre leurs
intéressés manipulateurs. En égorgeant les femmes et les hommes de Rwangoma,
d’Eringeti, de Mavivi, ou de Kibirizi, ces machettes ne gagnent rien. Elles
s’étonnent tout simplement que l’homme s’en sert pour égorger ses semblables. De
même les marteaux s’étonnent. Pourtant, ces marteaux et ces machettes ne
s’arrêtent qu’au niveau de l’étonnement ! Ils auraient aimé s’indigner, car ils sont témoins d’horreurs et de
cruautés que seul le manipulateur peut supporter à regarder. Ces machettes ont
versé beaucoup de sang. Mais elles vont finir par être rouillées. Tel est le
destin des métaux.
N’attendons donc pas que ces machettes s’indignent ! Elles ne
peuvent même pas couper la main de ceux qui les utilisent et qui sont dotés
d’une certaine intelligence se révélant corrompue et aveuglée par l’argent ou
la drogue. Une intelligence droguée ou corrompue n’en est plus une. Elle n’a
plus les facultés les plus nobles comme « l’indignation ou l’humanité ». Il n’y
a plus de différence entre la machette et celui qui s’en sert. Ni entre l’arme
du policier et l’homme qui l’utilise. Cet homme qu’on appelle « agent de l’ordre
», parce qu’aveuglé et corrompu, sera toujours capable de tirer sur ses frères
et sœurs qui manifestent.
Ces dirigeants, fils et filles du pays signent ainsi un pacte
avec l’ennemi. C’est d’abord leur intérêt. La vie de leurs électeurs ne vaut
rien à leurs yeux. Ils ne sont plus capables de s’indigner alors qu’on massacre
leurs frères et sœurs à Beni. 127 morts d’un seul coup ! Un digne fils ou une
digne fille du pays, vraiment patriote, devrait démissionner de ce gouvernement
infanticide. Mais que voulons-nous qu’ils fassent s’ils ont leur morceau de
viande dans la bouche ? Ils ne peuvent plus parler car leur bouche est pleine.
Ils ont ainsi une dette morale à l’égard du corrupteur.
Heureusement le peuple n’est pas dupe. Il a compris le jeu. Il
a compris aussi que ni les armes ni
leurs utilisateurs ne peuvent s’indigner. Il veut alors un changement. Les
manifestations au lendemain des massacres du 13 août à Beni témoignent bien de
cette volonté du changement. Nombreuses personnes sont ainsi venues de quatre
coins de Beni pour exprimer publiquement et officiellement leur indignation.
Cet éveil du peuple est significatif pour un bon élan démocratique. Le peuple
demeure donc la dernière ligne droite avant la descente en enfer. La marche de
la paix de mercredi 17 août annonce en tout cas une volonté active du peuple à
sauver sa démocratie. Les affiches des manifestants de ces jours ou des jours
précédents sont très éloquentes à ce sujet : l’arrêt systématique des
massacres, le retour dans leurs pays des militaires étrangers (ougandais et
rwandais), la démission du gouvernement actuel, les élections dans le délai
constitutionnel, le jugement de tous les auteurs des crimes et la traçabilité
dans l’exploitation des ressources minières. Si les dirigeants actuels n’ont
pas compris, les congolais sont désormais prêts à les aider à démissionner…
Trop c’est trop ! Le peuple détient le dernier mot…
Père Gaston Mumbere, prêtre assomptionniste et membre du
Mouvement Paix au Congo de Québec/Canada
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