mercredi 17 août 2016

Les armes ne s’indignent pas : Beni-Lubero prêt au changement



Si les machettes qui égorgent les populations à l’Est du Congo étaient intelligentes, elles se seraient déjà révoltées contre leurs intéressés manipulateurs. En égorgeant les femmes et les hommes de Rwangoma, d’Eringeti, de Mavivi, ou de Kibirizi, ces machettes ne gagnent rien. Elles s’étonnent tout simplement que l’homme s’en sert pour égorger ses semblables. De même les marteaux s’étonnent. Pourtant, ces marteaux et ces machettes ne s’arrêtent qu’au niveau de l’étonnement ! Ils auraient aimé s’indigner,  car ils sont témoins d’horreurs et de cruautés que seul le manipulateur peut supporter à regarder. Ces machettes ont versé beaucoup de sang. Mais elles vont finir par être rouillées. Tel est le destin des métaux.

N’attendons donc pas que ces machettes s’indignent ! Elles ne peuvent même pas couper la main de ceux qui les utilisent et qui sont dotés d’une certaine intelligence se révélant corrompue et aveuglée par l’argent ou la drogue. Une intelligence droguée ou corrompue n’en est plus une. Elle n’a plus les facultés les plus nobles comme « l’indignation ou l’humanité ». Il n’y a plus de différence entre la machette et celui qui s’en sert. Ni entre l’arme du policier et l’homme qui l’utilise. Cet homme qu’on appelle « agent de l’ordre », parce qu’aveuglé et corrompu, sera toujours capable de tirer sur ses frères et sœurs qui manifestent.

Ces dirigeants, fils et filles du pays signent ainsi un pacte avec l’ennemi. C’est d’abord leur intérêt. La vie de leurs électeurs ne vaut rien à leurs yeux. Ils ne sont plus capables de s’indigner alors qu’on massacre leurs frères et sœurs à Beni. 127 morts d’un seul coup ! Un digne fils ou une digne fille du pays, vraiment patriote, devrait démissionner de ce gouvernement infanticide. Mais que voulons-nous qu’ils fassent s’ils ont leur morceau de viande dans la bouche ? Ils ne peuvent plus parler car leur bouche est pleine. Ils ont ainsi une dette morale à l’égard du corrupteur. 

Heureusement le peuple n’est pas dupe. Il a compris le jeu. Il a compris aussi que ni  les armes ni leurs utilisateurs ne peuvent s’indigner. Il veut alors un changement. Les manifestations au lendemain des massacres du 13 août à Beni témoignent bien de cette volonté du changement. Nombreuses personnes sont ainsi venues de quatre coins de Beni pour exprimer publiquement et officiellement leur indignation. Cet éveil du peuple est significatif pour un bon élan démocratique. Le peuple demeure donc la dernière ligne droite avant la descente en enfer. La marche de la paix de mercredi 17 août annonce en tout cas une volonté active du peuple à sauver sa démocratie. Les affiches des manifestants de ces jours ou des jours précédents sont très éloquentes à ce sujet : l’arrêt systématique des massacres, le retour dans leurs pays des militaires étrangers (ougandais et rwandais), la démission du gouvernement actuel, les élections dans le délai constitutionnel, le jugement de tous les auteurs des crimes et la traçabilité dans l’exploitation des ressources minières. Si les dirigeants actuels n’ont pas compris, les congolais sont désormais prêts à les aider à démissionner…

Trop c’est trop ! Le peuple détient le dernier mot… 

Père Gaston Mumbere, prêtre assomptionniste et membre du Mouvement Paix au Congo de Québec/Canada

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