Chers gouvernants de la République dite Démocratique du
Congo,
Les massacres à l’Est du pays et plus précisément à Beni
marquent et caractérisent votre mandat – si du moins on peut encore parler du
mandat. Il n’y a pas de semaines qui passent sans que le sang inonde le territoire de
Beni. Encore un massacre vient d’avoir lieu ce samedi 13 août à
Rwangoma (quartier périphérique de la ville de Beni où j’ai grandi). D’après benilubero.com, « plus de 50 personnes
ont été égorgées sans aucun secours des forces loyalistes »… À ce rythme, nous ne savons plus en quels mots
de chair
il faudrait encore vous
parler. Les morts se comptent en millions. 8 millions. Avons-nous encore le
droit de vous demander des comptes ? Le sang de ces enfants égorgés, de ces
femmes violées et de ces hommes kidnappés que vous êtes censés protéger réclame
justice.
Et si vous n’êtes plus capables à offrir des services les
plus élémentaires à vos électeurs, il me semble qu’il est grand temps de
démissionner avant que le pire n’arrive. Démissionner est un geste louable bien
que certains élus le prennent pour une humiliation. Et si vous ne démissionnez
pas le peuple devra bientôt vous aider à le faire. De la tête jusqu’au plus bas
niveau des dirigeants, tout indique qu’il y a urgence à remplacer la classe
politique qui détient actuellement le pouvoir en République démocratique du
Congo par les patriotes congolais soucieux et dignes de ce nom. Dirigeants
actuels, le peuple n’est pas dupe. Il vous observe et détient le dernier mot.
À Beni, il n’y a pas longtemps, le président en personne a
promis réajuster le tir : la sécurité, les infrastructures et
l’électricité. Il se révèle que le tir était ajusté ailleurs : les canons
tournés vers le peuple pour alourdir les 8 millions de morts. Si le Congo compte environs 70 millions
d’habitants, il faut alors admettre que plus de 10% de la population congolaise
a péri dans la guerre. Et chaque jour ce chiffre continue à croître. Les choses
telles qu’elles se présentent poussent
le peuple à poser des questions graves à ses dirigeants : serez-vous des
dirigeants des morts ou des cimetières ? Et vous refusez de diriger les morts
du cimetière, que comptez-vous faire de ces régions inhabitées de l’Est du
Congo ? Avez-vous un plan pour les repeupler autrement ?
En tout cas, le peuple congolais n’est pas dupe ! Vous pouvez
bien lui promettre l’asphaltage de ses routes, l’électricité de ses villes, et
la sécurité apparente de ses régions, mais tant qu’on ne lui dira pas les raisons
de carnage en répétition, les vrais motifs de la présence des militaires
ougandais et rwandais sur son sol, et la destination de ses ressources minières
volées, les promesses du chef de l’État n’auront aucun effet.
Chers dirigeants congolais – si vous l’êtes encore –, comment
pouvez expliquer que les massacres interviennent à Beni juste après le passage
du chef de l’État – le garant de la nation et après sa collaboration militaire
et diplomatique avec les pays voisins à l’Est pour l’aider à traquer les
rebelles ADF-Nalu et FDLR ? Pensez-vous
que le peuple est si naïf pour avaler cette pilule ?
Les populations de Beni-Lubero viennent d’enterrer beaucoup
des morts, et c’est assez !
Père Gaston Mumbere, Assomptionniste et membre du Mouvement
Paix Au Congo de Québec
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