dimanche 14 août 2016

Le sang arrose la ville de Beni : le peuple n’est pas dupe !



Chers gouvernants de la République dite Démocratique du Congo, 

Les massacres à l’Est du pays et plus précisément à Beni marquent et caractérisent votre mandat – si du moins on peut encore parler du mandat. Il n’y a pas de semaines qui passent sans que le sang inonde le territoire de Beni.  Encore un massacre vient d’avoir lieu ce samedi 13 août à Rwangoma (quartier périphérique de la ville de Beni où j’ai grandi). D’après benilubero.com, « plus de 50 personnes ont été égorgées sans aucun secours des forces loyalistes »…  À ce rythme, nous ne savons plus en quels mots de chair il faudrait encore vous parler. Les morts se comptent en millions. 8 millions. Avons-nous encore le droit de vous demander des comptes ? Le sang de ces enfants égorgés, de ces femmes violées et de ces hommes kidnappés que vous êtes censés protéger réclame justice.

Et si vous n’êtes plus capables à offrir des services les plus élémentaires à vos électeurs, il me semble qu’il est grand temps de démissionner avant que le pire n’arrive. Démissionner est un geste louable bien que certains élus le prennent pour une humiliation. Et si vous ne démissionnez pas le peuple devra bientôt vous aider à le faire. De la tête jusqu’au plus bas niveau des dirigeants, tout indique qu’il y a urgence à remplacer la classe politique qui détient actuellement le pouvoir en République démocratique du Congo par les patriotes congolais soucieux et dignes de ce nom. Dirigeants actuels, le peuple n’est pas dupe. Il vous observe et détient le dernier mot.

À Beni, il n’y a pas longtemps, le président en personne a promis réajuster le tir : la sécurité, les infrastructures et l’électricité. Il se révèle que le tir était ajusté ailleurs : les canons tournés vers le peuple pour alourdir les 8 millions de morts.  Si le Congo compte environs 70 millions d’habitants, il faut alors admettre que plus de 10% de la population congolaise a péri dans la guerre. Et chaque jour ce chiffre continue à croître. Les choses telles qu’elles se présentent poussent  le peuple à poser des questions graves à ses dirigeants : serez-vous des dirigeants des morts ou des cimetières ? Et vous refusez de diriger les morts du cimetière, que comptez-vous faire de ces régions inhabitées de l’Est du Congo ? Avez-vous un plan pour les repeupler autrement ?

En tout cas, le peuple congolais n’est pas dupe ! Vous pouvez bien lui promettre l’asphaltage de ses routes, l’électricité de ses villes, et la sécurité apparente de ses régions, mais tant qu’on ne lui dira pas les raisons de carnage en répétition, les vrais motifs de la présence des militaires ougandais et rwandais sur son sol, et la destination de ses ressources minières volées, les promesses du chef de l’État n’auront aucun effet.
Chers dirigeants congolais – si vous l’êtes encore –, comment pouvez expliquer que les massacres interviennent à Beni juste après le passage du chef de l’État – le garant de la nation et après sa collaboration militaire et diplomatique avec les pays voisins à l’Est pour l’aider à traquer les rebelles ADF-Nalu et FDLR ? Pensez-vous que le peuple est si naïf pour avaler cette pilule ?

Les populations de Beni-Lubero viennent d’enterrer beaucoup des morts, et c’est assez !

Père Gaston Mumbere, Assomptionniste et membre du Mouvement Paix Au Congo de Québec 

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