Hein ! Tu n’annonces que des
mauvaises nouvelles… En tant que prêtre, tu devrais proclamer l’Évangile ; fais
attention ! De tels mots, j’en reçois quotidiennement. L’Évangile, c’est l’heureuse
annonce. Mais cet évangile est étouffé toutes les fois où l’on garde un silence
notoire pendant que les droits élémentaires des humains sont bafoués. Le droit
à vie ! Il est de plus en plus englouti à l’Est de la République Démocratique
du Congo, pays assiégé par quelques individus du Congo en complicité avec les autorités
politiques rwandaises et ougandaises.
Encore hier le 9 octobre, 9
personnes furent tuées à Boikene, en ville de Beni. Comment devrais-je me taire
et annoncer l’Évangile devant des telles situations ? L’heureuse annonce ne
consisterait-elle pas à unir nos forces, chacun selon ses possibilités, et
envisager une justice pour ces peuples dont la souffrance vient de franchir les
limites de l’acceptable. Ces victimes de la guerre dont on connait les tenants
et aboutissants, sont majoritairement des femmes et des enfants.
Et ce sont des hommes qui nous
demandent de nous taire et de faire attention. Faire attention, oui ! Ces
hommes marchent sur des avenues asphaltées et sans poussières. Le confort est
irréprochable : Ils ont de l’eau chaude le matin, leurs enfants ont des
cartes d’assurance maladie ou l’équivalent, et accèdent facilement à
l’éducation scolaire. Néanmoins, que ce paragraphe ne vous heurte pas ! Je suis
une personne humaine qui n’accepte plus la négation de l’autre. Je suis
bousculé.
Il ne s’agit pas de chercher des
boucs émissaires, ni des coupables, ni de les identifier à un peuple ou à un
monde dit développé. Ces quelques écrits plaident tout simplement pour la
justice dans quelques lieux où se
trouvent les auteurs des massacres. La justice demeure ce feu ardent qui
maintient encore notre espérance. Espérer à un Congo où nos enfants prendront
un petit déjeuner avant d’aller à l’école tout joyeux. Espérer à un Congo où
nos enfants se laveront avec de l’eau chaude le matin avant d’aller l’école en
paix. Ainsi l’Évangile sera annoncé…
Fr. Gaston Mumbere, a.a.
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