Les images des massacres sont vraiment devenues
insupportables… Pas seulement les images, mais aussi la permanence des tueries,
des viols que subissent nuit et jour nos
frères et sœurs du Kivu. Pendant quelques jours, on peut faire la sourde oreille,
se résigner et vivre comme si tout se passait bien… Mais jusques à quand la
résignation pourra nous offrir un sommeil paisible. Parce qu’à tout moment la
fumée de ces villages brulés nous fait mal aux yeux. Et les larmes coulent
continuellement.
Il me semble que le drame a atteint son paroxysme et qu’il est
désormais urgent de briser le silence : Hier c’était des tueries par des
fusils, c’était des enlèvements de masses (plus de 1000 personnes portées
disparues, dont trois prêtres assomptionnistes), c’était des viols ; et
aujourd’hui pendant que le peuple subit les égorgements à l’arme blanche, voilà
qu’il est maintenant exposé à une autre stratégie d’extermination totale :
bruler des villages et des cités y compris leurs habitants. Le cas le plus
récent c’est celui de ce samedi 6 février en territoire de Lubero. D’après la
radio Kivu1, « 5 Morts et plusieurs maisons incendiées dans la région de Luofu
dans le Sud-Lubero. Vers une heure du matin dans la nuit de Vendredi à Samedi,
la cité de Kasiki a été incendiée et un homme de 70 ans tué. Mais aussi les
cités de Mbwavinywa, Bwambali et Luhanga ont été incendiées.» [http://www.radiokivu1.org/index.php?tokene=10&action=emissiondetail&emission=Journal%20Kivu1&token=6e3234tfc237hg2gghaa#]
Depuis cette date, les massacres continuent dans les deux
territoires (Beni et Lubero) et cela ne semble pas préoccuper les supposées
autorités en place. Le peuple est laissé à son triste sort. C’est tout ce décor
macabre qui nous a poussé à nous demander s’il vaut encore la peine de naître
au Kivu… À quoi ça sert de mettre au monde un enfant qui bientôt sera brulé
sans jamais manger de pain… ni connaître l’électricité, ni boire de l’eau
potable. Dans de telles situations, il ne faut même pas imaginer qu’il ira à
l’école. Voilà maintenant 20 ans de guerre. Et quelle image les jeunes de 20
ans peuvent avoir de la vie ? Une vie de refuge ! Une vie de massacres. Si
telle est le cas, à quoi ça sert de vivre ? C’est cette gravité de question qui
est présentée à celle ou celui qui est en train de lire. En fait, la question
nous demande de devenir des voix pour ces jeunes qui n’ont plus des parents, ni
de maisons, ni des villages… Le Kivu n’est pas seulement vidé, c’est aussi son
histoire, sa mémoire, son âme qui sont détruites.
En définitive, ces quelques phrases sont un cri qui appelle à
l’aide, car la case du voisin brule. Ces phrases sollicitent les compétences de
ceux et celles qui peuvent parler pour ces femmes violées, pour ces jeunes sans
maisons et sans villages. Il me semble que ce sont les humains qui peuvent
ensemble changer l’ordre du monde. Aller au-delà de la peur ! Ne pas avoir peur
de fustiger les politiques du ventre. Ces politiques se servent des religions,
des ethnies pour assouvir leur soif. Ainsi les ethnies ou des religions sont
devenues des outils de guerres pour des fins politiciennes. Il y a urgence de
redonner aux religions, aux ethnies leurs significations : soutenir la
vie. Ainsi naître au Kivu ne serait plus une fatalité…
Ensemble signons ces deux pétitions pour que les instances
supérieures agissent. Voici les liens des pétitions à signer:
1. Une enquête internationale sur les massacres de Beni et de Lubero (RD Congo)
1. Une enquête internationale sur les massacres de Beni et de Lubero (RD Congo)
Fr. Gaston
Mumbere, a.a.