Oui, encore des morts ! Il y en a eu encore ce jeudi en territoire de Lubero, à l’Est de la République dite démocratique du CONGO. 14 personnes ont été égorgées, dont 7 femmes et 6 enfants. Vous sentez, peut-être, qu’il n’y a plus de force de ces informations. C’est parce qu’on commence à s’y habituer. À force de lire la banalité de la mort, on perd progressivement le courage de se réveiller pour intervenir. Ainsi, pour garder le caractère « sacré » de la mort, j’aurais dû ne plus en parler comme j’en parle souvent, car ce serait scandaleux de s’habituer à la mort. Qu’il me faille donc arrêter d’écrire et de dénoncer, ce ne serait pas par peur, mais pour éviter de nous habituer à la mort ! Quand même la mort, c’est grave ! Et d’ailleurs, lorsqu’elle arrive, on n’est plus. Alors pourquoi s’y habituer ?…
Aujourd’hui, je déroge à cette conviction… Juste parce je
suis témoin d’une solidarité humaine ici au Québec. Il y a des gestes
d’encouragement solidaires pour les victimes des massacres au Congo. J’en cite
quelques exemples qui viennent à l’esprit : Hier une lectrice de nos
articles avait pris 3 heures de son temps avec moi juste pour essayer de
comprendre les tenants et les aboutissants de massacres permanents à l’Est du
Congo. En outre, je suis témoin de cette effervescence-intéressée des
québécoises et québécois pour la projection du film L’homme qui répare les femmes du Docteur Denis Mukwege à Québec.
D’autres projections sont prévues à Montréal, à Saint Raymond et à
Rivière-à-Pierre. N’est-ce pas une occasion de remercier toutes ces personnes
du Québec qui se mobilisent déjà pour la cause des victimes des massacres.
Merci aussi aux médias sociaux (facebook) qui parlent tout
en partageant le cri des enfants égorgés innocemment. En outre, à la date du 7
janvier 2016, j’ai été surpris mais aussi soulagé d’être informé au sujet des
massacres via une chaîne de télévision populaire québécoise, LCN (Le Canal
Nouvelles (LCN) qui est une chaîne de télévision spécialisée québécoise d'information continue
appartenant au Groupe TVA et sous la direction de la filiale TVA Nouvelles). Pour
lire cette information, cliquez sur le lien suivant : [ http://www.tvanouvelles.ca/2016/01/07/des-attaques-a-la-machette-et-par-balles-font-14-morts
]
Après un long temps d’étouffement, la parole pourrait peut-être
se libérer. Et notre peuple pourra un jour respirer. Enfin on en parle ! Tel
est le début du message qui m’a été envoyé par une lectrice de nos articles.
C’est elle qui m’a informé… « Enfin ! » Oui, enfin on parle des massacres ! Un
coup de souffle encourageant. Nous aurions voulu que les massacres s’arrêtent…
surtout les massacres des enfants ! Nous aurions voulu que les viols
s’arrêtent… surtout les viols des mineures ! Nous aurions voulu que les tueries
s’arrêtent… surtout les tueries à la machette ! Nous aurions voulu que les
enlèvements s’arrêtent… surtout ceux des médecins qui travaillent dans les
zones de guerres. Peut-être je demande trop. Je devrais pour le moment me
réjouir de ce dénouement de la langue de ce média québécois qui ose un premier pas.
C’est vrai ! Coup de chapeau. C’est avec ce premier pas médiatique que peut
être ouvert le processus d’une enquête indépendante internationale que réclament
les peuples du Kivu victimes du massacre qui prend désormais l’allure d’un
génocide… Il n’est jamais trop tard !
Fr. Gaston
Mumbere, a.a