
Au Congo il est interdit de parler… Le père Machozi vient d’en
payer le prix. Comme pasteur, il a osé parler pour ces peuples meurtris dans
l’insécurité totale imposée à l’Est du Congo. Je me souviens, il était la voix de
ces femmes violées, de ces enfants égorgés de Beni, de lubero, du Kivu. À ce moment,
il ne peut plus parler, car il est mort ! Pas tout simplement mort, mais
assassiné. Trop, c’est trop ! Ce sang qui coule sur ce sol de nos ancêtres est
rouge. En marchant, nous le piétinons. Il coule en flot, et rend la chaussée
glissante. Lorsqu’on y glisse, on perd l’équilibre… Il est donc impossible d’y
marcher tous les jours sans ouvrir sa bouche, sans crier, sans parler…
Congolais et congolaises, le temps est venu de briser le silence ! Le destin de ce pays est désormais entre nos mains… Le Kivu n’est pas une jungle autant que je sache ! Ce n’est pas un abattoir des humains !
Congolais et congolaises, le temps est venu de briser le silence ! Le destin de ce pays est désormais entre nos mains… Le Kivu n’est pas une jungle autant que je sache ! Ce n’est pas un abattoir des humains !
L’assassinat du père Machozi est symptomatique d’un mal
profond dont il faut se débarrasser. Ils n’ont pas seulement tué un homme ! Ils
ont surtout tué « le prêtre-pasteur qui parle ». Ils ont tué la parole ! C’est
grave ! Sans peur, l’heure est venue de nous lever comme un seul homme, et de
briser le silence. Il n’est plus temps de pleurer. Il n’est plus temps
d’enterrer nos morts. Il n’est plus temps de réparer les femmes violées… Il est
temps de sortir du bloc opératoire comme le soulignait ce médecin de Panzi. C’est
tout simplement inacceptable ! Nous demandons des comptes auprès de ce
gouvernement fantôme qui assiste paresseusement aux massacres du peuple qu’il
est supposé gouverner… Nous demandons l’ouverture d’une enquête internationale de
nos frères et sœurs qui sont tués. Ils sont nombreux : plus de 8 millions.
Cependant, ce n’est pas à cause de ces données statistiques alarmantes qu’il
convient d’ouvrir le tribunal pour ces génocidaires au Congo. Derrières ces
chiffres il y a des humains. Derrières ces chiffres il y a le père Machozi…
Je
garde des bons souvenirs lors de son passage à Québec. Nous avons mangé
ensemble pourtant ??? Maintenant tu es tué. Prie pour le Congo, prie pour le
Kivu, prie pour Beni-Lubero, ce coin du pays qui t’a vu naître et qui témoigne
aujourd’hui de ta mort. Que cette terre de nos ancêtres te soit douce. Seule ta
prière peut essuyer mes larmes… Que dire encore ?
Frère Gaston Mumbere, a.a.